23 février 2012

JEUDI 23 FEVRIER 2012 : A LA DECOUVERTE DE LA GALILEE

Ce matin, nous assistons à la messe des pèlerins dans l'église inférieure. La messe est dite en italien et nous avons la chance de recevoir l'eucharistie. Nous venons de passer notre première nuit dans la ville de Joseph et de Marie.
Hier, nous avons visité la fontaine de Marie à l'église orthodoxe Saint Gabriel, la basilique de l'Annonciation et l'atelier de Joseph dans l'église Saint Joseph située juste à côté. En sortant de la messe, je m'assoie sur le petit banc à côté de la grille d'entrée. La rue est encore déserte. Le souk est endormi. Tout est paisible. Différentes images me viennent à l'esprit. La ville actuelle semble avoir disparu. Je vois Jésus enfant courant avec les camarades de son âge dans les ruelles du village, Marie sa mère allant chercher de l'eau à la fontaine pour les besoins de la maison, Joseph dans son atelier penché sur son labeur, la famille réunie dans la maison de Joseph pour le repas, Joseph prenant Jésus dans ses bras à son retour de l'école, Marie souriant à Jésus, Joseph portant Jésus sur ses épaules les jours de fêtes, Jésus adolescent aidant son père à l'atelier et ce petit matin frisquet que Jésus a peut-être connu. Je m'attend à sentir le parfum du bois que l'on brûle pour préparer le repas du matin comme en brousse en Nouvelle-Calédonie. Que c'est beau !
L'esprit vagabonde. Je pense à la fresque et au vitrail de la mort de Joseph. Cette image m'a toujours marqué. On y voit tout l'amour de Jésus et de Dieu pour Joseph. J'image Jésus s'inquiétant pour lui chaque jour, à chaque instant alors qu'il le remplaçait à son atelier, aidant Marie dans le quotidien pour le lever, le faire s'asseoir, marcher, le coucher, le faire manger, restant auprès de lui quand Marie devait s'absenter, lui racontant sa journée et les évènements au village, le consolant et veillant sur son sommeil. Et ce regard d'amour de Jésus penché vers ce visage aimé, lui parlant du Ciel en lui tenant délicatement les mains. Marie, comme au pied de la croix, se tient silencieusement aux pieds de Joseph, le visage inondé de larmes et d'amour. Ah comme Dieu a tant aimé Joseph. Cette mort toute remplie d'humilité, de douceur et de simplicité, enfouie dans le coeur de Dieu, à l'image de sa vie. Et cela s'est passé ici, dans ces lieux.
Il faut déjà aller prendre le petit déjeuner à la maison des Soeurs de Nazareth. Je me lève avec regret mais le temps tourne et il ne s'agit pas de faire attendre le groupe. On nous apprend que Tony nous donnera une conférence ce soir sur les différentes questions bibliques que nous nous posons concernant Nazareth, l'Annonciation et les sujets ainsi que différents sujets qui peuvent nous intéresser.
C'est avec joie que retrouvons notre guide Marguerite au petit-déjeuner. Comme elle habite à Nazareth, elle avait rejoint sa famille après ces quelques jours d'absence passés à nos côtés.
Petit-déjeuner dans le réfectoire des soeurs de Nazareth. On peut y voir Tony, Sabella notre guide à Jérusalem, qui accompagne en Galilée un autre groupe.
Aujourd'hui, nous visiterons Césarée Maritime pour évoquer Pierre et Corneille avant de nous rendre à Akko, la Saint Jean d'Acre des croisés avec le déjeuner au Carmel du Mont Carmel puis ce sera notre seconde nuit à Nazareth. Nous aurons la chance de voir le Carmel et d'évoquer Elie. J'y vois un signe de la petite Thérèse de Lisieux. Qu'il est doux d'avoir une telle soeur au Ciel.
A 8h00, nous quittons la maison des soeurs de Nazareth à pied. Il fait un tantinet frisquet mais il devrait faire globalement beau dans la journée. Edouard, notre chauffeur, nous attend plus bas, au  niveau de la rue Tawfiq Ziad. Nous prenons la direction de la côte et de Césarée Maritime, située entre Tel-Aviv et Haïfa, au Sud du Mont Carmel.
En sortant de la ville par l'autoroute N°60, notre guide Marguerite nous montre une petite montagne qui selon la tradition serait le mont du précipice (Mont Kédumin, 395 m) où les habitants de Nazareth en colère auraient cherché à précipiter Jésus du haut des falaises (Luc 4, 16-30). Le pape Benoît XVI y a célébré une messe lors de son voyage en 2009.
Nous prenons la direction de la côté. La ville de Césarée maritime (à ne pas confondre avec Césarée de Philippe) est située au bord de la mer Méditerannée. Elle a été bâtie sur l'emplacement de l'ancien village grec de la Tour de Straton. Hérode reçu le village d'Auguste après on ralliement après la bataille d'Actium. Hérode chassa les juifs de la ville pour en refaire une ville grec et lui donna le nom de Césaré en l'honneur de César Auguste.
La reconstruction de la ville par Hérode débuta en 22 avant J.C. Elle devint la capitale royale d'Hérode le Grand. Il y  fait construire le théâtre, l'hippodrome, un cirque et le port protégé par des brise-lames. La ville connue un grand développement jusqu'à la fin du 1er siècle avant de décliner après l'effondrement des brise-lames du port.
Devenue capitale administrative romaine en 6 ap. J.C., c'est ici que résidait le préfet de la province de Judée-Samarie. C'est un préfet de rang équestre alors que le gouverneur de la province voisine de Syrie était de rang consulaire. Ponce Pilate (préfet de Judée de 26 à 36-37 après J.C.) y a donc vécu. C'est ici qu'a été trouvé l'inscription faisant mention de son nom et confirmant ainsi son existence.
L'inscription de Césarée maritime sur laquelle figure partiellement le nom (source Wikipédia)
C'est le petit-fils d'Hérode, Aggripa 1er qui construisit un nouveau théâtre, l'amphithéâtre romain et les thermes. Il régna de 41 à 56 ap. JC et mourut dans la ville selon les Actes des apôtres (12, 20-23). La ville devint ensuite le lieu de résidence des procurateurs romains.
C'est ici que le centurion Corneille se fit baptiser par Pierre. Il fut le premier non-Juif à devenir chrétien. (Actes 10 et 11, 1-18). 
L'apôtre Paul, après son arrestation à Jérusalem, fut transféré à Césarée et y comparut devant le gouverneur Félix, puis devant son successeur Festus et le roi Agrippa (Actes 23, 23 - 26, 32).
Césarée accueillit Origène vers le milieu du 3ème siècle. Un évêque de Césarée nommé Eusèbe (265 - 340)  s'illustra par ses ouvrages apologétiques et par la rédaction d'une histoire de l'Église primitive. 

Marguerite nous explique devant une maquette, les différentes vestiges de la ville. Puis, nous allons vers la salle de visionnage (une sorte de grosse tente) où nous est projeté un film sur l'histoire de la ville. Il nous faut attendre un peu car le film en français passe à une heure donnée et nous sommes un peu en avance. Nous en profitons pour faire quelques photos et aller au pipi-room. Le temps est superbe ce matin. Nous regardons la mer. C'est drôle de se dire que c'est la mer méditerranée que nous voyons au bout des vestiges du palais.


Martine rejoignant  le groupe en admiration devant les statues antiques à l'arrière de l'amphithéâtre.

Vue vers le palais depuis la salle de visionnage.
Vue vers l'hippodrome, l'ancien port et au fond la citadelle.
A l'entrée de l'amphithéâtre.
Assis dans l'amphithéâtre.
Vue vers le palais depuis l'hippodrome. C'est la mer méditérannée.
Après la conquête arabe en 641, Césarée maritime tombe dans l'oubli jusqu'en 1101 où les Croisés remettent son port en service et l'entourent de fortifications. 
A l'époque des croisés, Césarée devint une Seigneurie. La ville a été fortifiée par St Louis. On peut voir encore les vestiges de la forteresse des Hospitaliers, des fossés ainsi que de la citadelle transformée en restaurant. Nous passons devant la cathédrale en ruine puis du terre plein aménagée avec des boutiques d'artisanat, en direction des remparts où nous pouvons voir une petite salle voûtée accolée aux murs, toute en longueur avec une petite ouverture dans le mur du fond et décoré de croisées de voûtes .


Détails de la salle voûtée et vue des remparts de St Louis.

Nous reprenons le bus, direction le Nord pour rejoindre le Mont Carmel où nous déjeunerons au monastère Notre-Dame du Mont Carmel à Haïfa. C'est une longue route dans cette plaine côtière.

Enfin nous arrivons à Haïfa par la route n°4 (Sderot HaHagana). Nous commençons l'ascension du Mont Carmel. Sur la route, nous nous arrêtons au niveau du Jardin Yere Nof au-dessus du jardin des Bahais. Nous avons une superbe vue sur le port moderne d'Haïfa, l'antique Ptolémaïs, l'Akko hébraïque (Juges1, NT et Actes), la Saint Jean d'Acre des croisés. Nous sommes ici à une vingtaine de kilomètre des frontières du Liban.
Les Jardins en terrasses du mausolé du Bab des Bahais à Haïfa
C'est un beau jardin, bien agencé, sur ce versant du Mont Thabor, un peu bizarre cependant dans le contexte du pays. Après une petite pause photographique, nous reprenons la route en direction du monastère du Mont Carmel.
Le bus s'arrête sur un parking à bus aménagé à côté du monastère. C'est un peu bizarre car il faut traverser un petit complexe touristique avec boutiques et restaurants pour accéder au monastère. Mais la marche fait du bien après ces heures de route.
Comme nous sommes un peu en avance, nous nous arrêtons pour prier dans la belle église du monastère qui a été érigée en basilique mineure sous le patronyme de Stella Maris par le pape Grégoire XVI.
Monument à l'entrée du monastère en mémoire des 2000 soldats français de l'expédition d'Egypte en 1799.

Lors de la retraite, Bonaparte abandonna dans le monastère transformé en hôpital, 2000 soldats malades et blessés qui furent massacrés par les troupes turcs. Leurs corps furent laissés sur place après l'expulsion des Carmes, de 1799 à 1804. Au retour des pères carmes, leurs ossements furent rassemblés dans un premier temps dans des grottes puis en 1830, dans la pyramide du monument.  
L'autel de l'église au-dessus de la grotte d'Elie.



Danielle et Georges au pied de la petite Thérèse de Lisieux que nous honorons chez nous à Tomo.
Le réfectoire est très grand avec de grande tablée. Le repas est bien copieux ; la bière de Taybeh et le vin nous fait du bien. Nous sommes les premiers mais d'autres groupes sont visiblement attendus. On voit que c'est une mécanique bien rodée. Nous avons été accueillis par un Carme mais ce sont des laïcs qui nous servent et veillent sur le bon déroulement du repas.
Après le repas, nous prenons le temps de prendre un café dans la galerie attenante. C'est un peu la cohue mais on s'en sort bien. Le café préparé à la manière locale est bon.
Après le tour habituel à la boutique du monastère (point important), nous reprenons lentement le chemin du bus en admirant la vue sur la baie d'Haïfa et le phare Maris Stella construite à l'origine par le monastère mais occupé aujourd'hui par l'armée israélienne.
Le port d'Haïfa constitue un port stratégique de première importance pour Israël tant pour son activité économique que militaire.
Nous retrouvons avec plaisir Edouard au bus puis nous reprenons la route pour nous rendre à la vielle ville d'Acre des croisés au pied du Mont Carmel.
La vieille ville a une longue histoire remontant à l'Antiquité et au Moyen-âge. 


22 février 2012

MERCREDI 22 FEVRIER 2012 : MERCREDI DES CENDRES A NABI MOUSSA, LA GALILEE

Mercredi des Cendres 2012
1ère lecture : Lecture du livre de Joël (Jl, 2, 12-18)
Psaume 50
2ème lecture : Laissez-vous réconciliez avec Dieu (2, Co 5, 20-6, 2)
Evangile : L'aumône, la prière et le jeûne comme Dieu les aime (Mt 6, 1-6,16-18)

Aujourd'hui, nous quittons Jérusalem et prenons la route de la Galilée. C'est avec un petit pincement au coeur que nous quittons la Maison d'Abraham et toute son équipe : le directeur, la communauté des soeurs dominicaine de Tours et les bénévoles. Nous avons été formidablement accueilli comme toujours et c'est grâce à eux que nous vivons ce merveilleux voyage.
Le temps est ensoleillé. La route sera agréable. Nous prenons la route du désert, en direction de la mer morte.

Nous nous arrêtons à Nabi Moussa où Jean-Bernard nous invite à célébrer l'entrée du temps de Carême qui nous mènera vers la joie de la Résurrection. Quelle belle invitation à nous pèlerins, ici en cette terre de l'incarnation, à nous qui, au travers des lieux saints que nous visitons, le cherchons dans nos coeurs. 

Jean-Bernard nous a trouvé un petit vallon caillouteux, aride, dénudé où nous célébrons ce mercredi des cendres. La célébration dépouillée, simple, au milieu de ce désert de Judée, la cendre faite avec les pauvres brindilles ramassées sur place est émouvante; Que de symboles !


Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.


Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.



Ainsi, tu peux parler et montrer ta justice,
être juge et montrer ta victoire.
Moi, je suis né dans la faute,
j’étais pécheur dès le sein de ma mère.


Quelle joie de recevoir au milieu de ce désert l'imposition des cendres et l'eucharistie. La petite Thérèse en regardant une image de Notre Seigneur crucifié entendait sa voix nous dire "Sitio", "J'ai soif !", j'ai soif de ton amour. Puissions-nous nous aussi entendre cette voix et accepter de mourir avec lui !


Mais tu veux au fond de moi la vérité ;
dans le secret, tu m’apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; 
lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.


Fais que j’entende les chants et la fête :
ils danseront, les os que tu broyais.
Détourne ta face de mes fautes,
enlève tous mes péchés.


Après la célébration, nous reprenons la route dans le silence et le recueillement. Nous avons du mal à quitter ce désert mais le bus nous emporte déjà vers Jéricho puis les rives du Jourdain que nous longeons jusqu'en Galilée.
Vestiges de la guerre, une chenillette Hotchkiss
(les mêmes utilisés par les iliens du Bataillon du Pacifique à Bir-Hakeim en 1942)
au routier où nous avons fait une halte pipi.
Nous arrivons en fin de matinée à Nazareth où Edouard nous laisse près de la fontaine de Marie dans la partie Vieille ville de Nazareth, sur l'avenue HA Galil. Nos bagages nous rejoindrons à la Maison des Soeurs de Nazareth ce soir.
Nous prenons le chemin de l'église du puits de Marie par la rue Al-Bishara. C'est l'église Saint Gabriel grec orthodoxe de l'Annonciation de Nazareth située sur une petite place commerçante. Après être entré dans son enceinte, il faut descendre quelques marches pour entrer dans l'église. L'église est richement décorée de fresques au plafond. Dans le fond de l'église, dans la crypte, se trouve un puits avec une source d'eau. Il nous faut encore descendre des marches pour arriver au niveau de la crypte du puits qui est en fait une sorte de couloir voutée. Un robinet situé à côté du puits, sur un des murs, permet de prendre de l'eau de la source.
Cette source alimentait en eau le village de Nazareth à l'époque de Jésus. Nous méditons sur ce fait que c'est peut-être ici que Marie venait puiser l'eau nécessaire aux tâches du quotidien (le ménage, la cuisine, etc) comme toutes les autres femmes du village. Jésus, Marie et Joseph ont vraisemblablement bu à cette source. Suivant la tradition orthodoxe, c'est auprès de cette source qu'aurait eu lieu l'Annonciation.

Le puit de Marie.

Sur la place devant l'église St Gabriel grec orthodoxe de l'Annonciation à Nazareth.
Nous remontons la rue Al-Bishara en direction de la Maison des soeurs de Nazareth car nous avons rendez-vous pour le déjeuner au restaurant Holy Land situé juste à côté. Nous devons faire attention car la rue est étroite et la circulation assez dense.
Nous ne passons pas par le souk comme il y a deux ans. En fait, la rue Al-Bishara est parallèle à la rue que nous avions empruntés il y a deux ans. Nous ne verrons pas la mosquée blanche ni l'église synagogue cette fois-ci.
Nous sommes content d'arriver au restaurant Holy Land. La devanture ne paye pas de mine mais l'intérieure est joliment agencée et très cosy. Le restaurant fait du bien. Nous sommes au chaud et nos ventres ont bien besoin d'un bon repas.


Nous avons droit à une soupe en entrée avec les crudités habituelles puis un plat de spaghettis et enfin du poisson.Au dessert, nous avons droit à une petite surprise. Pour leur anniversaire de mariage Jean-Bernard, Gratienne et Martine nous offrent du vin et un gâteau. Nous sommes gâtés.

Gratienne et le gâteau.
Après le café, nous reprenons la rue de la maison des soeurs de Nazareth en direction de la Basilique de l'Annonciation. Nous admirons le grand fronton et les portes en bronze avant d'aller vers la façade du Salve Regina que nous entonnons.




Puis nous entrons dans la Basilique au niveau de l'église inférieure où se situe la grotte de l'Annonciation (la maison de Marie, d'Anne et de Joachim). Une célébration s'y déroule. Je remarque une très belle statue de la Vierge Marie, un peu à l'écart, installée sur une petite tablette improvisée, dans une partie de cette immense salle. Elle est vraiment très belle et nous parle de la jeune Marie, la jeune épouse de Joseph, le charpentier.

Tu es toute belle, acclamer par les anges ....
Après quelques instants nous montant par un petit escalier au niveau de l'église supérieure décorée par de fresques représentant la Vierge et l'Enfant Jésus. Une ouverture dans le plancher de l'église haute centrée sur la grotte de l'Annonciation assure le lien entre ces 2 églises. L'orgue était en restauration lors de notre visite. On entendait l'harmoniste régler les tuyaux de l'instrument.


En sortons, nous nous arrêtons un instant sur la petite place séparant la Basilique de l'église.
Nous visitons ensuite l'église Saint Joseph située juste à côté sous laquelle on peut voir les vestiges de l'époque byzantine. L'église actuelle est bâtie sur les vestige de l'église des croisés et de l'église byzantine vue par Arculfe, évêque gaulois, vers 670. On dit que c'est ici que se trouvait l'atelier de Joseph. L'église et la crypte sont joliment décorées de fresques et de vitraux sur les principaux moments de la vie de Joseph.
Celui qui m'a le plus touché est celui de la mort de Joseph dans les bras de Jésus et de Marie. Jésus lui tient délicatement la main alors que sa tête est penchée sur son coeur comme si déjà il reposait dans le coeur de Dieu malgré la peine qu'il éprouve à quitter Marie. Le regard de Jésus est posé sur Marie comme pour la consoler. Cette épisode de la vie de Joseph est aussi représentée sur un vitrail de l'église de la Conception au Mont-Dore. 

Vitrail de la mort de Joseph dans la crypte de l'église Saint Joseph de Nazareth.
Quelle émotion pour nous, paroissiens de la cathédrale St Joseph de Nouméa, d'être ces lieux où Joseph a vécu, où il s'est Marié, à élever sa famille et où il repose. A chaque coin de rue, nous nous attendons à croiser Marie avec sa jarre remplie d'eau, Joseph et ses outils ou encore Jésus enfant, courant au milieu des camarades de son âge.

Nous ressortons par la rue Al-Bishara puis nous suivons l'avenue Paulus HaShishi. Marguerite nous emmène faire les boutiques. Le magasin se situe dans la rue principale.Il est amusant car on entre par une porte blindée (on dirait un bunker). A l'intérieur, les articles habituels (bibelots, bijoux et icônes). Nous y passons facilement deux bonnes heures.
Puis, nous prenons l'avenue Paulus HaShishi en direction de la maison des soeurs Clarisses. Toujours à pied. Certains d'entre nous souffrent un peu, surtout dans la grande côte, mais après tout nous sommes en pélerinage. Il y a un Hôpital français et un centre culturel français à Nazareth, juste dans cette partie de la ville.

Nous arrivons chez les soeurs en fin d'après-midi. Nous sommes reçu par soeur Joséphine (91 ans). Quelle joie de la retrouver encore cette fois ! Ce sera peut-être la dernière fois. Elle est toujours aussi alerte malgré son âge et c'est de bonne grâce qu'elle nous raconte la vie de Charles de Foucauld lors de son séjour au couvent de 1897 à 1900. Elle est intarissable. Quelle émotion quand elle nous raconte avec beaucoup d'humour la vie simple du saint dans la "cabane au fond du jardin" et aussi de sa démarche auprès du Patriarche de Jérusalem pour devenir prêtre en Terre Sainte mais Dieu avait choisi une autre destinée pour lui. Nous rions de bon coeur quand elle évoque le voyage des Touaregs à Rome à l'invitation du Pape lors de la canonisation de Charles de Foucauld.Nous passons un très bon moment en sa compagnie. Ces instants sont vraiment trop courts. Nous aurions tellement aimé pouvoir encore faire durer ce moment rare.
Après l'avoir chaleureusement remercié et la séance de photos terminée, nous passons faire quelques achats dans leur petite boutique. Chacun de nous met un point d'honneur à faire des achats dans cette boutique de communauté car nous savons que cela contribue à leur vie.
Puis, à la nuit tombée, nous reprenons le chemin du retour vers la Maison des Soeurs de Nazareth où nous attendent nos bagages. Il est un peu plus de 18h lorsque nous arrivons pour récupérer nos bagages et prendre nos chambres. Nous sommes accueilli par la Sainte Famille placée au centre de la cour. 
Cette année aussi je suis logé à côté chez les soeurs de Saint Joseph de l'Apparition comme il y a deux ans. Nous sommes plus nombreux cette fois-ci car nous sommes 11. Nos chambres sont très belles et les soeurs nous ont mis le chauffage à notre arrivée. Quelle touchante attention !
Je discute un petit peu avec la supérieure qui m'apprend la triste nouvelle du décès en 2011 d'une soeur originaire des Philippines qui nous avait accueillis il y a deux ans. 
Mais il nous faut déjà repartir pour le dîner du soir à 19 h chez les soeurs de Nazareth. C'est juste à côté à pied.
Un petit apéritif d'accueil a été organisé car d'autre groupe séjourne aussi chez les soeurs de Nazareth. 
Le dîner du soir est très convivial. Nous avons la surprise de voir arriver Tony qui accompagne un autre groupe. Après dîner nous avons droit à un petit récital de piano par Tony. Nous passons une bonne soirée à chanter et même à danser. L'ambiance est chaude. Cela fait du bien par ce temps froid.
La maison des soeurs de Nazareth a été construite sur un terrain connu depuis plusieurs générations comme le champs du juste ou plus exactement le champs du tombeau du juste. Personne ne savait pourquoi. Lors de fouilles à la fin du 19è siècle, des vestiges d'une église byzantine ont été retrouvés rappelant la description faite par Arculfe concernant l'église de la nutrition qui aurait été bâti sur la maison de Joseph. Des tombes furent mis à jour dont une avec un squelette en position assis et surtout une une grande tombe à plusieurs emplacement remontant à l'époque hérodienne mais qui n'aurait servi qu'à une personne. On peut voir graver sur un mur un poisson (l'Ichtus). 


Difficile de savoir avec certitude si c'est ici le tombeau de Joseph mais comment ne pas y penser et j'avoue que j'aime à croire que c'est le sien. Dans tous les cas le lieu nous porte à la méditation. 
Quant à la maison de Joseph, connaissant ce qui se fait en Nouvelle-Calédonie mais aussi en Israël, il est vraisemblable qu'elle se situe près de l'atelier de Joseph, donc sous l'église de St Joseph des Franciscains. Le champs du tombeau devait se situer en dehors des murs des limites du village à l'époque de Joseph. Ce qui serait plus logique au vu de la distance (200 mètres environ).
Malheureusement cette année nous n'aurons pas l'occasion de visiter ces vestiges. C'est une bien grande déception mais tellement à l'image de la grande discrétion de Joseph. Jean-Bernard me dit que c'est parce qu'il n'y pas de soeurs cette fois-ci pour nous guider. C'est vrai que nous n'en avons pas vu depuis notre arrivée. Ce sont des permanents et des salarié qui font tourner la maison. Je me trouve un peu privilégié d'avoir pu visiter ces vestiges il y a deux ans.
Nous rentrons tranquillement à la Maison des Soeurs de St Joseph de l'Apparition pour ne pas les faire veiller trop tard. Demain est une nouvelle journée. 
Ce soir la prière de Siméon prend un sens particuliers.

Maintenant, Ô Maître souverain 
tu peux laisser ton serviteur 
s'en aller en paix, selon ta parole. 
Car mes yeux ont vu le salut 
que tu préparais à la face des peuples : 
lumière qui se révèle aux nations 
et donne gloire à ton peuple Israël. 

Comme pour Moïse, le Patriarche dont vous évoquerons le visage au Mont Nébo en Jordanie dans quelques jours, Joseph nous laisse à la porte de la Terre Promise. Dieu qui l'a tant aimé l'a enseveli dans son coeur.

Nous te rendons grâce pour cette belle journée et pour ces rencontres qui nous parlent toujours de toi.
Nous qui sommes venu de si loin pour te rencontrer en ces lieux où tu marchas jadis et où tu continues encore à marcher à nos côtés, aides-nous à te trouver.
Bénis ces maison et ces personnes qui nous accueillent.
Que ceux qui souffrent puissent être guéris,
Que ceux qui ont faim puissent être rassasiés,
Que ceux qui sont dans la peine puissent être consolés,
Que ceux qui sont prisonniers puissent être délivrés,
Que ceux qui sont démunis puissent être comblés,
Que ceux qui sont en lutte puisse trouver la paix. 
Mon Dieu, en ce soir, je veux simplement te dire que je t'aime.
Amen.




21 février 2012

S'IL VOUS PLAÎT, VENEZ EN TERRE SAINTE !


En Terre Sainte, on peut se vanter de la présence d’une famille très spéciale, la Sainte Famille de Nazareth. Pour nous chrétiens, c’est une expérience très forte d’être là où Jésus est né et a grandi en tant qu’homme, où il a vécu et enseigné, où il a été crucifié et enseveli, et où il est ressuscité d’entre les morts. C’est pour cela que l’Eglise de Terre Sainte est l’Eglise-Mère, composée encore aujourd’hui des descendants de la première communauté fondée par Jésus-Christ lui-même. Elle est la mémoire vivante collective de Jésus, de Marie, des Apôtres et de l’Église primitive. C’est un trésor précieux pour toute l’Eglise universelle. C’est une Eglise locale qui conserve la foi et les Lieux Saints, et les présente aux pèlerins de tous les pays et de toutes les époques. C’est une Église qui vit une expérience unique dans l’Histoire et qui doit s’ouvrir un chemin de vie complètement nouveau : l’appartenance au monde arabe, au sein de la nombreuse minorité musulmane, au cœur de l’État d’Israël constitué dans sa grande majorité de Juifs.
Mais en même temps, notre cœur est triste car, dans cette terre de Jésus, se déroule un conflit géopolitique dans lequel nous sommes tous impliqués, l’interminable conflit israélo-palestinien. 2010 ans après la naissance du christianisme,
62 ans après la fondation de l’Etat d’Israël, la situation reste très difficile, surtout pour les habitants de la Terre Sainte, appartenant à deux peuples et trois religions. Nous pensons aux injustices dont souffrent principalement les Arabes palestiniens : les humiliations quotidiennes, les restrictions de sortie du pays, de circulation, des possibilités d’étudier, de travailler, le manque de soins médicaux ; nous pensons au mur de séparation, long de plus de 700 km et haut d’environ 8 m, qui isole de fait les populations locales. Les Chrétiens palestiniens n’ont même pas accès aux Lieux Saints, car il est très difficile d’obtenir des autorisations pour raisons de sécurité.
Nous, chrétiens de Terre Sainte, sommes environ 2% de la population totale, presque tous Arabes palestiniens et jordaniens, ainsi qu’un très faible pourcentage d’étrangers et quelques centaines de catholiques d’expression hébraïque. A Jérusalem, malgré le petit nombre de chrétiens, il y a une très grande richesse de rites et de liturgies. Plus d’une centaine de congrégations religieuses sont présentes : contemplatives ou apostoliques, impliquées dans le secteur éducatif et social. L’arrivée de populations chrétiennes immigrées – pour la plupart des ouvriers, petits employés, chargés des soins à la personne –, qui parfois deviennent plus nombreux que les chrétiens locaux, et vivent dans des situations très précaires, sans aucune protection légale, est un phénomène récent.
Je me demande combien de personnes de votre peuple sont venues, à travers l’Histoire, faire un pèlerinage en Terre Sainte ! S’il vous plaît, venez en Terre Sainte pour témoigner de notre communion ecclésiale et prier avec nous pour plus de justice et de paix entre les peuples.
Comme nous le rappelle l’Evangile d’aujourd’hui, le roi Etienne a construit «sa maison sur le roc» (Mt 7, 24), la maison qui n’était pas seulement pour lui mais pour vous tous, pour votre pays et pour les pèlerins de votre terre qui se rendaient en pèlerinage en Terre Sainte : il a eu à cœur leur sécurité et rendit plus sûr leur chemin par les terres balkaniques. Il fit également construire un logement à Jérusalem pour les Hongrois qui s’y rendaient. Bien que cette maison n’existe plus, il est bon de savoir que nombre de vos prédécesseurs y sont allés et y ont séjourné. Cela demeure une invitation pour vous à vous y rendre.
En Terre Sainte, nous connaissons parfois une perte d’espérance. Toute une génération d’Israéliens et de Palestiniens a grandi en assistant et en expérimentant la violence, l’occupation, la séparation et la haine. Il est devenu de plus en plus difficile d’imaginer un avenir de coexistence, il est plus facile de blâmer les autres, et plus difficile de pardonner. Pourtant, nous savons que la seule solution au conflit est celle qui reconnaît la dignité inhérente de toutes les personnes vivant dans ce pays, les Israéliens et les Palestiniens, chrétiens, juifs et musulmans. Tout homme est en effet créé à l’image de Dieu, et en tant que tel, investi d'une dignité absolue. […]
Votre roi, le roi Etienne, se rendit compte de la faiblesse d’un pays avec «une langue et un seul costume» et comprit la nécessité d’accueillir avec bienveillance les étrangers et de leur faire honneur. C’est un signe de noblesse d’esprit et de longueur de vue dont nous avons de plus en plus besoin en Europe et en Terre Sainte, à un moment où l’Eglise catholique connaît une dimension universelle, œcuménique et interreligieuse. Canonisé en 2000 également par l’Eglise orthodoxe, Saint-Etienne est une lumière sur le chemin œcuménique, que nous sommes engagés à emprunter en Terre Sainte. […]
Les épreuves et les souffrances n’ont pas été épargnées à Saint Etienne : outre une douloureuse maladie, il y eu aussi la mort précoce de ses enfants. Il ne pouvait assurer sa descendance, mais même cette épreuve n’entama pas sa confiance en Dieu, il garda intacte sa foi dans le Seigneur. L’Eglise-mère de Jérusalem est en train de vivre une épreuve similaire, alors que l’avenir qui se profile s’annonce presque sans descendance. Beaucoup de Chrétiens, généralement les plus jeunes et les mieux préparés, quittent le pays, et émigrent à la recherche d’un avenir plus sûr et plus humain. C’est un phénomène très inquiétant, qui affaiblit notre communauté chrétienne, déjà peu nombreuse. Nous sommes conscients d’être «l’Eglise du Calvaire», du refus, du «petit troupeau», mais en même temps aussi l’Église de la Résurrection, de la rencontre, de la communion possible. C’est notre vocation et notre espérance. Notre avenir est entre les mains de Dieu. C’est pour cela que nous n’avons pas peur, malgré les épreuves, parce que notre espérance n’est pas fondée sur des certitudes humaines, mais sur la Parole de Dieu. Le Seigneur nous a promis: « Je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 20).
Etienne a terminé sa parabole terrestre le 15 août, le jour de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, confiant également en cette occasion lui-même, sa famille, tout le peuple, les générations futures, à la protection de la Sainte Mère de Dieu. Unissons-nous, aujourd’hui, nous aussi, et adressons une semblable prière à Saint Etienne, à toute sa bienheureuse famille et à la Sainte Famille de Nazareth, afin que par leur intercession descende sur nous tous, nos peuples, nos terres, et tous ceux qui souffrent ou sont dans l’épreuve, le don de la paix, de la réconciliation et de l’espérance, et qu’au terme de cette vie terrestre, nous obtenions la vie éternelle auprès de Dieu.
Saint Étienne, priez pour ce pays qui est le vôtre et pour toute l’Europe. Amen !

†  Fouad Twal, Patriarche
mardi 10 août 2010, en la solennité de saint Etienne de Hongrie, à Budapest.

MARDI 21 FEVRIER 2012 : BEER-SHEVA, MASADA

Aujourd'hui nous accueillons Marguerite, notre nouveau guide francophone, qui arrive ce matin même de la Galilée où elle habite. Au programme de ce mardi, Beer Sheva et Masada. Nous ne rentrerons pas à la Maison d'Abraham à midi. Nous pique-niquerons sur place.

Pour ce matin, nous partons en direction du site archéologique du Tell Sheva aux portes du Néguev pour évoquer Abraham par la route 60. Beer Shéva se situe au Sud d'Ascalon et d'Hébron. Le site est géré par l'administration des parcs nationux. Détail amusant, nous devons porter des casques de sécurité pour visiter le site. Nous en profitons pour faire une bonne partie de rigolade (Ah ces calédoniens, vraiment insortable!). Notre pauvre guide en fait son partie.
Casqué (et chat botté), nous sommes prêt pour l'ascension (petite) du Tell Shéva. Dans le fond, des tamaris. 
Depuis l'entrée du parc, nous devons monter à pied vers le Tell Shéva, qui est en fait une sorte de petite colline, en bordure d'un wadi (le Nahal Beer Shéva). Sur cette plaine, rien ne semble pousser.
Source Biblélieux.com

La ville que  nous découvrons au sommet est constituée par les galets provenant de la rivière située en pied et en brique crue. Le puits se situe à l'entrée de la ville.

Les fouilles réalisées attestent que le site était occupé depuis le IVème siècle avant Jésus-Christ. Selon les récits bibliques, elle date d'au moins l'époque d'Abraham. Le nom de Bersabée est  mentionné dans la Bible, dans le livre de la Genèse. On y trouve l'origine du nom de Beer-Sheva, le puits du serment : ce puits d'eau appartenait à Abraham et il pensa que les serviteurs d'Abimélec s'en étaient emparés sans sa permission. Pour résoudre le conflit, une alliance fut conclue, symbolisée par le don de sept brebis d'Abraham à Abimélec, roi des philistins (Gn 21, 25-32). Cette alliance donne naissance à un serment entre les deux hommes -chvoua signifiant serment en hébreu, d'où le nom de Beer (puits) Chvoua (Sheva) mais aussi Shiva (sept). On l'appelle aussi le Beer d'Abraham (le puits d'Abraham)

Il est également mentionné (Josué 19, 2) que Beer-Sheva était la ville la plus méridionale d'Israël pendant la période biblique. L'expression « De Dan à Beer-Sheva » est parfois utilisée dans la Bible hébraïque pour définir l'ensemble de la Terre d'Israël. Au loin nous voyons l'actuelle ville de Beer Sheva.
« Et tous les puits qui avaient été creusés ... à l’époque d’Abraham son père furent taris par les Philistins et remplis de terre... »
« Et Isaac recreusa les puits d’eau construits à l’époque d’Abraham son père... Et il les appela par le même nom que leur avait donné son père. »
(Béréchit 26, 15-18)
Abraham y planta un tamaris, ce petit arbre rustique qui résiste aux vents du désert et s'accommode d'une terre pauvre et salée. Abraham planta un tamaris à Béer-Shéva où il invoqua le SEIGNEUR, le Dieu éternel, par son nom” (Gn 21, 33).

Le Tamaris est cité encore deux fois dans la bible. Dans le 1er Livre de Samuel, à l’époque du premier roi d’Israël, Saül : “Saül était assis à Guivéa, sous le tamaris qui est sur la hauteur, sa lance à la main, et tous ses serviteurs debout auprès de lui” (1 S 22,6).
Dans ce même Livre de Samuel, le tamaris est à nouveau cité au chapitre 31, à la fin du 1er Livre de Samuel qui évoque la mort, dans un combat contre les Philistins, du roi Saül et de ses trois fils. Des habitants de Galaad “recueillirent leurs ossements et les ensevelirent sous le tamaris de Yavesh, puis ils jeûnèrent sept jours” (1 S 31,13).

Jacob passera à Beer Sheva sur le chemin de l'exil lorsque Yahvé lui ordonne de s'installer en Egypte pour retrouver son fils Joseph (Genèse, 46): "Israël partit avec tout ce qui lui appartenait, et arriva à Beer-Sheva, où il immola des victimes au Dieu de son père Isaac.(...) 


Au temps du roi David, Bersabée était la ville la plus méridionale du royaume hébreux. Beer Shéva fut détruit une première fois par le roi Assyrien Sennachérib en 701 avant l'ère chrétienne puis diparue en 587 avant l'ère chrétienne lors de la conquête Babylonienne.

Le puits a 40 m de profondeur et descend jusqu'au niveau de la nappe phréatique. IL a été creusé sur le tell en hauteur et non au niveau de la plaine alluviale.


Pour nous, habitants du Pacifique, nous pouvons nous souvenir que c'est dans ces plaines de Beer-Sheva, que la cavalerie légère australienne s'est illustrée le 31 octobre 1917 en prenant la ville de Beer-Sheva aux turcs après une charge de 3 km en terrain découvert. "Advance Australia Fair !"
Beer-Sheva, la ville moderne, est la sixième ville du pays, aux portes du désert du Néguev. Il existe à Beer-Sheva une agence consulaire de France.

Devant le guichet du parc, on peut voir une réplique d'un autel à cornes. En 1973, un autel identique avait été découvert sur le site de Beer-Shéva. Il est attesté que cet autel est un autel à sacrifice israélite.


La tradition veut que les plus anciens autels aient été faits de terre, tout simplement (Ex 20,24), ou encore d’une grande pierre à l’état naturel (jg 13,19 ; 1 S 6,14). Avec l’évolution de la culture, un autel construit est toléré, mais à condition que les pierres soient gardées à leur état brut, puisque le ciseau pourrait les profaner (Ex 20, 25; Jos 8, 31). L’autel de Beer-Shéva est en contradiction avec cette loi puisque c'est un autel construit avec des pierres taillées. Ceci est interprété comme le signe d’un culte yahviste contaminé, ce qui pourrait expliquer la condamnation du sanctuaire par le prophète Amos (Am 5, 5 ; 8, 14). Le serpent gravé sur une des pierres peut indiquer une certaine forme de paganisme.

C'est la loi qui prescrivait de munir le grand autel à sacrifices de cornes à ses quatre coins (Ex 27,2;38,2).

La corne, qui évoquait le taureau, était le symbole de force et de puissance (Ps 75, 11; 89,18,25;112,9). La corne de taureau ornait la coiffe des dieux du Proche-Orient ancien, comme signe de leur souveraineté sur le monde de la création. Israël l’avait de fait attribuer à Dieu, comme expression de sa foi dans la puissance de salut de ce dernier (2 S 22, 3). Ainsi les cornes de l’autel incarnaient donc en quelque sorte la présence divine sur l’autel : on comprend alors que le fugitif tombait sous la protection de Dieu s’il saisissait les cornes de l'autel (Ex 21, 14;1 R 1, 50;2,28), et que c’est en cassant ces cornes qu’un autel perdait son caractère sacré (Am 3, 14). Par ailleurs, l'autel a une hauteur de 1.57 mètres,soit trois coudées royales de l'époque de la construction, ce qui est aussi conforme à la Loi (Ex 27, 1;38,1;2 Ch 6, 13).

Après une longue promenade sur le site des fouilles archéologiques (remontant à l'époque d'Abraham) et être montés sur la tour de guet, nous repartons en direction de la mer morte. C'est une longue route depuis Beer-Sheva.

Nous nous arrêtons vers 11h30 sur la route de la Mer Morte, au niveau d'un point de vue aménagé sur la route 31 qui traverse le désert du Neguev. Nous avons emprunté la nouvelle route qui était en construction, il y a deux ans. La vue est magnifique sur la mer Morte mais aussi sur les montagnes de la Jordanie. Le pique-nique préparé par les cuisiniers de la Maison d'Abraham était copieux et bien préparé. Le temps est ensoleillé aujourd'hui et très agréable.


La mer morte avec ses salines et sur l'autre rive, c'est la Jordanie.
Après cet excellent pique-nique, nous continuons à descendre vers la mer morte afin de rejoindre Masada (Metzada en hébreux, qui veut dire forteresse).

Nous arrivons aux environs de 14h30 à la station de Massada. Nous avons droit à une petite séance de projection sur le site de Masada et sa place dans l'histoire d'Israël.


Nous prenons le téléphérique pour monter sur la fortesse située sur un éperon rocheux. Sur le trajet, nous pouvons voir des personnes descendant par la piste du serpent. C'est impressionnant de penser que certains montent à pied depuis le bas. Nous sommes en plein désert et l'été cela doit être étouffant. La hauteur des falaises côté Est est de 450 m.

Massada est un peu le fort Alamo des israéliens fac aux légions romaines après la destruction de Jérusalem sous Vespasien en 70 après Jésus-Christ. Ses défenseurs préférèrent se donner la mort plutôt que de se rendre et vendu comme esclaves par les romains. Pour prendre la forteresse, les romains de la Xème légion Fretensis commandé par le général romain Flavius Silva construisirent une immense rampe d'accès (un vrai travail de romain) côté Ouest (c'est-à-dire côté montagne. On peut supposer que les matériaux nécessaires à la rampe était plus facile à trouver de ce côté) et après sept mois de siège en l'an 73 prirent la forteresse. On peut toujours voir la rampe ainsi que les traces des camps romains (8) qui encerclaient la forteresse. Ces traces sont matérialisées par de petits murs de pierres de forme +/- carré pour les camps. le mur de circonvallation (marqué par le mur de pierre reliant ces camps les uns autres) ceinture l'éperon rocheux. C'est vraiment impressionnant.

Mais avant cette bataille, cette forteresse du désert fut un des palais d'Hérode le grand avec tout le confort de l'époque : des entrepôts, des bains, des palais, des réservoirs d'eau, une synagogue, des casernes, une armurerie, des jardins et des troupeaux. Une muraille ceinture totalement le plateau (1400 m de long).
C'est grâce à un astucieux système de collecte des eaux provenant du wadi voisin que la forteresse était alimentée par simple gravité. On estime que les eaux de ruissellement recueillies au cours d'une seule journée de pluie suffisaient à faire vivre un millier de personnes pendant deux à trois ans. Ce système a permis de transformer un rocher stérile et isolé au climat aride en une luxueuse retraite royale.

A l'époque byzantine, une église a été construite au centre du site. Longtemps tombé dan l'oubli (13 siècles), le site ne fut redécouvert qu'au 19ème siècle.

Masada est classé au patrimoine de l'UNESCO depuis 2001.



Nous redescendons par le dernier téléphérique, celui de 17h (nous sommes serrés comme des sardines en boîte). Nous partons pour Ein Gedi, mais malheureusement le parc est fermé à notre arrivée (il ferme à 17h lui-aussi) et nous reprenons la route de Jérusalem. Ce soir, nous avons nos bagages à préparer. 
Sur la route, nous pouvons voir les hôtels qui ont poussé comme des champignons au bord de la mer morte. C'est impressionnant, une sorte de Las Vegas dans le désert. C'est presque irréel.






Demain, nous partons pour la Galilée et quitteront définitivement la Maison d'Abraham. Mais c'est surtout le mercredi des cendres, le début du temps de Carême.