18 février 2012

SAMEDI 18 FEVRIER 2012 : LE SAINT SEPULCRE

Nous partons à 8h30 ce matin. Il fait frisquet. Il a neigé un peu pendant la nuit mais la neige n'a pas tenu. On voit encore quelques traces de glaces sur l'herbe du jardin et sur les pierres. On nous dit qu'il pleut en Galilée.
La porte de Jaffa (ou la porte des amis)
Nous nous rendons à la porte de Jaffa pour rendre visite au Patriarcat Latin de Jérusalem (c'est le palais épiscopal) où nous avons rendez-vous avec son excellence, Monseigneur William SHOMALI, évêque auxiliaire latin de Jérusalem (Mgr Shomali est natif de Beit-Sahour).

Comme la Nouvelle-Calédonie ne lui était pas bien connue, Jean-Bernard lui a présenté brièvement notre situation géographique et l'histoire de notre diocèse.

Monseigneur SHOMALI nous a parlé ensuite de la situation des chrétiens de Jérusalem mais aussi de la Terre Sainte toujours très difficile. A Jérusalem, de 25.000 en 1948, ils ne sont aujourd'hui que 10.000 (soit 2 % de la population actuelle). Ils sont confrontés à beaucoup de difficultés tant administratives que sociales, des problèmes de logement et de travail (vie trop chère là-aussi).

Afin de freiner l'exode, le patriarcat latin s'est lancé dans un programme de logements à des prix abordables pour les familles chrétiennes tant à Jérusalem qu'ailleurs en Terre Sainte.  Tony notre guide est un des bénéficiaires de ce programme. Grâce à ce programme, il a pu acquérir son appartement dans la ville de Jérusalem.

Il nous a parlé aussi de l'Assemblée spéciale du Synode des évêques pour le Moyen-Orient présidée par le pape Benoît XVI qui s'est tenue à Rome en octobre 2010 en soulignant 5 points important à retenir de ce Synode pour l'avenir des chrétiens au Moyen-Orient et particulièrement en Terre Sainte.
  1. Affermir la foi par la Parole de Dieu;
  2. Comment fortifier les diverses dénominations chrétiennes ?;
  3. Comment promouvoir l’unité chrétienne surtout en terme pratique (par exemple le calendrier religieux) puisque l’on ne peut s’entendre au niveau théologique ?;
  4. Comment promouvoir le dialogue interreligieux dans le respect de la liberté religieuse et de la liberté de conscience ?;
  5. Comment prévenir l’émigration des chrétiens du Moyen-Orient ?
Ces défis se posent pour le Patriarcat latin de Jérusalem et pour les chrétiens de Terre Sainte mais aussi du monde entier.
Malgré son emploi du temps surchargé, il a tenu à répondre à nos interrogations sur la vie des chrétiens en Terre Sainte, de la situation dans le pays au niveau politique bien entendu mais surtout social. Il nous a aussi parlé du rôle et de le mission des pèlerins en Terre sainte.


Voici que qu'en dit Monseigneur Fouad Twal, le Patriarche Latin de Jérusalem :
« Etre pèlerin est une vocation, (…) organiser un pèlerinage est une mission ». Un pèlerinage en Terre Sainte obéit à « trois vocations » pour le même but : « Rencontrer Dieu », car le pèlerinage constitue une occasion de rencontrer « le Christ dans les lieux mêmes où il a vécu », mais aussi d’ « approfondir la connaissance de l’Eglise » et de « renouveler » la foi des fidèles, en s’appuyant sur l’histoire, l’archéologie et la tradition qui, en ces lieux, confirment que « l’Histoire du Salut est bien réelle ».


Il a rappelé que le pèlerin est « une figure de paix » même au sein de la réalité de cette terre. Il « marche sur une terre dont parle la Bible et sur laquelle Dieu s’est incarné », « cela donne poids à sa marche, à son regard, à ses paroles, à sa prière, à son silence ».


Mgr Shomali nous dit également toute l'importance qu'a aux yeux des chrétiens de la Terre Sainte, la venue des pèlerins, par delà le fait que beaucoup vivent de l'économie des pèlerinages (artisanat, commerce, guide, chauffeur de bus, restauration, accueil, etc.) mais elle témoigne aussi à leur yeux qu'ils ne sont pas seuls et que les chrétiens du monde entier sont solidaires avec eux. C'est une sorte de Visitation à notre manière à nos frères et soeurs de la Terre Sainte. "Ne craignez pas car je suis avec vous !". Comment ne pas ressentir ici cette fome de communion en Jésus en présent. Cette rencontre est un des temps fort de notre pèlerinage 2012.
Après l'avoir remercié de son accueil et de nous avoir consacré un peu de son temps (très surchargé), nous nous rendons d'abord à la cocathédrale du Très-Saint-Nom-de Jésus accolée au Palais épiscopal. Nous avons le chance de pouvoir y voir encore la crèche. Il existe aussi de magnifiques vitraux et tableaux ainsi qu'une réplique de la statue de Saint Pierre.


En sortant de la cocathédrale, nous partons pour la basilique du Golgotha après un petit arrêt à un bureau de change à la porte de Jaffa (Porte des amis). 
Nous avons l'occasion de voir à côté de la porte de Jaffa, la tour de David qui est aussi un musée sur l'histoire de Jérusalem.
L'entrée du musée de la tour de David
Nous remontons par la rue du Patriarcat arménien orthodoxe puis la rue St James afin de rejoindre le Cardo et une partie du quartier Juif avant de poursuivre en direction du souk et de la rue pour rejoindre la Basilique du Golgotha.


Il y a déjà une petite foule lorsque nous arrivons sur l'esplanade du Saint Sépulcre. Nous nous engouffrons d'abord en direction du Tombeau du Christ car Tony notre guide veut profiter qu'il n'y ait pas encore trop de monde pour le visiter d'abord. Nous aurions préférés moins de précipitation afin de mieux apprécier le lieu. C'est ici le lieu de la Résurrection : La source de notre foi. Mais voyage de groupe oblige, nous suivons notre guide. 

Le tombeau du Christ est une drôle de construction appelé l'édicule en latin (petit édifice) (ou Kouviklion en grec qui veut dire chambrette) située sous le dôme de la rotonde (l'Anastasis "la Résurrection") qui date du 4ème siècle. Son allure actuelle, de style ottoman baroque, est dû à sa reconstruction au début du 19ème siècle suite à un incendie dans la Rotonde.
Il y a cependant déjà une petite queue qui arrive jusqu'à la petite chapelle copte à l'arrière du Tombeau. Cette chapelle est située en face de la chapelle Jacobite qui abrite le tombeau de Joseph d'Arimathie. Mais nous n'en avons cure.Nous sommes auprès du tombeau du Christ et nous pouvons toucher ses murs (même si ce ne sont que ceux de l'édicule). La queue avance et nous nous approchons progressivement de l'entrée du tombeau. Voici le tombeau que les femmes ont vu ouvert au matin de la résurrection et celui vers lequel couru Pierre et Jean. Ici, son corps s'est reposé pendant 3 jours. Il y a pour nous ici, en ce lieu, comme un rappel de l'épisode biblique du Buisson ardent. Sommes-nous digne de pénétrer dans ce lieu sacré ? et pourtant porté par la foule qui grossit de plus en plus derrière nous et pressé par les prêtres orthodoxes, gardiens du lieu, nous avançons et entrons dans le tombeau, ce lieu à la fois terrible et merveilleux, où nous passons de la lumière à l'obscurité en traversant l'atrium appelé "la chapelle de l'ange" où subsiste sous une plaque de verre un petit morceau du rocher du tombeau (sur laquelle s'était assis l'ange pour parler aux femmes : "Quis revolvet nobis lapidem ab ostio monumenti ?"avant d'entrer en se baissant dans la chambre mortuaire. Nous nous agenouillons devant le banc mortuaire taillé dans le roc (et recouvert de marbre blanc depuis le siècle de Charles-Quint) pour l'embrasser et le toucher (ici a reposé le corps de Jésus). Nous n'avons droit qu'à quelques minutes (moins de cinq) et déjà nous devons sortir pour laisser la place à nos suivants. En ressortons à la lumière, nous avons du mal à nous rendre compte de ce qui vient de se passer. Nous nous souvenons du marbre, des bougies et de l'obscurité. Cela c'est passé si vite que nous avons du mal à ressentir quelque chose. Notre coeur et nos pensées semblent comme anesthésier et déjà Tony, notre guide, nous envoie vers le golgotha. Nous traversons à nouveau la basilique en passant à nouveau devant la pierre de l'onction pour aller faire la queue au petit escalier qui mène au calvaire.

Source PlanetWare travel guide.
La distance est bien courte entre le Saint Sépulcre et le Golgotha (lieu du crâne).Nous montons par un étroit et raide escalier avec des marches hautes (il y a 18 marches) situé à droite de la porte de la Basilique, à la chapelle du Gologotha. L'escalier est déjà encombré. Autant, un certain silence régnait près du Saint Sépulcre, autant ici, le lieu est bruyant (nous sommes juste à l'entrée de la basilique), mais le silence se fait dès que l'on atteint la chapelle.


La chapelle du Golgotha (ou chapelle de l'élévation de la croix) est située au-dessus de la chapelle d'Adam. Selon la légende, c'est ici que le roi Mélkisédech aurait enfoui le crâne d'Adam, que lui avait remis les descendants de Noé, au temps d'Abraham.


Comme tout le monde, nous faisons la queue pour avancer. Le lieu est plongé dans une forme de pénombre.  La procession se fait par la chapelle de l'élévation de la croix latine depuis la droite vers la chapelle du Golgotha grec orthodoxe.
On peut distinguer les fresques sur le voûtes de la chapelle rappelant la crucifixion (chapelle de la clouaison) pour arriver enfin à l'autel du Stabat Mater où l'on peut voir une représentation du coeur transpercé de Marie, juste à côté de l'autel de la crucifixion. 


La pierre fendue du Golgotha est visible sous une plaque de verre, Chacun se baisse, s'agenouille et embrasse au travers d'un trou cerclé de fer situé sous l'autel, la pierre qui a été inondée par le sang de Jésus.



La pierre fendue du Golgotha sous la plaque de verre.
En redescendant, nous arrivons au niveau de la pierre de l'onction. A gauche de l'escalier, se trouve l'accès à la chapelle d'Adam et une plaque de verre permet de voir encore la pierre du Golgotha. La hauteur du Golgotha par rapport au niveau actuel (+3 m/niveau de l'époque de Jésus) est d'environ 5 m.

La fente de la pierre est ici bien visible encore. En regardant la pierre fendue, nous pouvons nous souvenir du cri de Cyrille de Jérusalem :"Si l'on veut nier qu'un Dieu soit mort ici, qu'on regarde seulement les rochers déchirés au Calvaire".

Au pied du Golgotha, on peut voir les 2 bancs marquant les tombes de Godefroy de Bouillon et de Baudouin 1er, à la sortie de la chapelle d'Adam. Bien peu de pélerins se rendent compte de leur présence en ce lieu saint.

Nous nous rendons ensuite à la pierre de l'onction où une volée de touristes russes s'est abattue.  Ils l'aspergent abondamment de parfum ou d'huile parfumée avant d'y imbiber leur foulard ou mouchoir qu'ils rapporteront pieusement chez eux pour le conserver sous cadre. C'est un geste bien touchant pour nous que regardons faire avec beaucoup de surprise.


Nous sortons à la lumière et profitons un peu du soleil au pied de la chapelle des francs.





Nous rentrons ensuite à la Maison d'Abraham, la tête pleine d'images. Nous avons l'après-midi de libre et nous en profitons qui pour continuer son journal, qui faire une petite sieste, qui pour faire un peu de lessive avant de nous préparer pour le dîner de ce soir à Bethléem au restaurant la tente.

Les soeurs dominicaines et les bénévoles nous accompagnent ce soir pour le diner car ils fêtent aussi le départ prochaine de soeur Martha qui rejoint sa Colombie natale.

Nous sommes gâter pour le dîner : crudités diverses, saucisses d'agneau et de chameaux grillé avec frites et petit gâteau au miel au dessert. Nous avons droit à une petite surprise avec la danse orientale et en costume exécuté par Brigitte Ducost-Jarret et son mari Jean-Marie Keller.

Autre surprise, nous en profitons pour découvrir le narguilé (la pipe à eau). Le tabac est ici parfumé à la pomme. C'est une découverte étonnante et nous avons beaucoup ri en regardant chacun tirer une bouffée.


Après cette bonne soirée, nous sommes heureux de nous retrouver la Maison d'Abraham et nos lits. Demain nous avons au programme la messe dominicale à TAYBEH (Ephraïm) et la rencontre avec le père RAED.


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